Pour vous parler de ma façon de considérer l’art-thérapie comme espace de rêverie, j’aborderai celle-ci à travers l’œuvre : » A une passante » de Charles Baudelaire. Dans ce sonnet Baudelaire nous raconte une rencontre avec une inconnue qui ne le laisse pas insensible. Cette rencontre qui se joue pour lui, m’inspirant celle du patient avec l’espace de rêverie en séances d’art-thérapie.
Pour nous narrer cette rencontre, Baudelaire nous parle dans un premier temps de l’atmosphère autour de lui, il dit : « La rue assourdissante autour de moi hurlait ». Ce bruit qui résonne en lui, lui paraît insupportable. C’est le premier sentiment dont il fait part dans le poème.
Un peu comme lorsqu’un patient demande un suivi en séances d’art-thérapie finalement.
D’ailleurs, dans le cadre de l’art-thérapie, « la rue assourdissante qui hurle autour de lui » n’est-elle pas symboliquement cette douleur intérieure vécue par le patient et qui a des répercussions en lui ?
Le poème se poursuit par « Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa d’une main fastueuse ». Le poète aperçoit ici une femme, l’objet du poème. À première vue, elle lui paraît autant être sujet de souffrance (« en grand deuil », « douleur majestueuse »), que figure éclatante (« fastueuse ») qui ne laisse pas inaperçu au cœur du poète. La rencontre avec la jeune femme semble autant douloureuse que lumineuse. Peut-être finalement comme l’espace de rêverie qu’offre l’art-thérapie, qui laisse quelque chose de l’éclat au cœur du patient, mais qui n’est pas sans émoi. D’ailleurs, la rencontre avec la jeune femme serait peut-être la rencontre symbolique avec l’espace de rêverie qu’offre l’art-thérapie ?
Le poète poursuit par : « Soulevant balançant le feston et l’ourlet ». La jeune femme semble donc faire chanter couronne de fleurs et ourlets de vêtements, deux habits qui occupent des places opposées, sur la même tonalité. Dans le cadre de l’espace de rêverie, ce serait finalement faire danser ce qu’il y a de bon et de moins bon afin de trouver un juste équilibre, un espace à penser autrement. En parlant d’espace, dans le sonnet lors de cette rencontre la figure de la femme bouge tandis que Baudelaire est dans un premier temps figé. En faisant le parallèle avec l’art-thérapie, ce serait un peu comme le patient lorsqu’il arrive en séance. L’art-thérapeute lui ouvre un espace de rêverie pour lui permettre de rêver autrement, de s’imaginer autrement, d’ouvrir à autre chose et lui permettre un déplacement.
Dans le poème, la femme bouge, mais Baudelaire est figé. Finalement serait-ce comme en art-thérapie ou l’espace de rêverie permet de faire bouger quelque chose chez le patient au départ figé par la douleur qui le préoccupe ?
« Fugitive beauté, dont le regard m’a fait soudainement renaître ». Ici cette rencontre avec la jeune femme est dans une temporalité limitée, mais elle induit un déplacement dans le futur (« renaître »). La lumière de cette femme lui donnerait donc l’espoir de voir les choses de nouveau autrement. Symboliquement, cela pourrait-il être l’espace de rêverie en art-thérapie qui permet au patient de lui insuffler un autre regard sur le monde, d’abord en séances, puis faisant trace en lui dans la vie ?
Finalement le poème de Baudelaire est lié à la rencontre avec la vie. Le monde de la ville offre au poète des sujets de réflexions et provoque de multiples émotions. Mais Baudelaire, ne se situe pas à distance ni insensible à ce spectacle qui se meut autour de lui. Il y participe en tant qu’acteur à la recherche de nouvelles rencontres symboliques en quête de sens de ce monde si complexe qu’est celui de la vie, de sa propre vie peut-être même. Pour faire le parallèle avec l’espace de rêverie en art-thérapie, je crois qu’il s’agit également d’une rencontre, avec soi-même, avec l’autre, avec l’objet petit a symboliquement perdu même peut-être…
Je terminerais par ce vers de Baudelaire, « Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais ». En art-thérapie ouvrir à un espace de rêverie pour le patient demande à l’art-thérapeute de n’avoir aucune demande particulière quant à ce qu’il ouvre pour le patient. Je suis convaincue de ce que j’ouvre au patient, mais je le laisse faire trace lui-même, trouver ses propres mondes, ses propres chemins, qui font de son parcours, un parcours unique, un cheminement personnel, à lui et pour chaque un.
Sarah Benjelloun
Pour nous narrer cette rencontre, Baudelaire nous parle dans un premier temps de l’atmosphère autour de lui, il dit : « La rue assourdissante autour de moi hurlait ». Ce bruit qui résonne en lui, lui paraît insupportable. C’est le premier sentiment dont il fait part dans le poème.
Un peu comme lorsqu’un patient demande un suivi en séances d’art-thérapie finalement.
D’ailleurs, dans le cadre de l’art-thérapie, « la rue assourdissante qui hurle autour de lui » n’est-elle pas symboliquement cette douleur intérieure vécue par le patient et qui a des répercussions en lui ?
Le poème se poursuit par « Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa d’une main fastueuse ». Le poète aperçoit ici une femme, l’objet du poème. À première vue, elle lui paraît autant être sujet de souffrance (« en grand deuil », « douleur majestueuse »), que figure éclatante (« fastueuse ») qui ne laisse pas inaperçu au cœur du poète. La rencontre avec la jeune femme semble autant douloureuse que lumineuse. Peut-être finalement comme l’espace de rêverie qu’offre l’art-thérapie, qui laisse quelque chose de l’éclat au cœur du patient, mais qui n’est pas sans émoi. D’ailleurs, la rencontre avec la jeune femme serait peut-être la rencontre symbolique avec l’espace de rêverie qu’offre l’art-thérapie ?
Le poète poursuit par : « Soulevant balançant le feston et l’ourlet ». La jeune femme semble donc faire chanter couronne de fleurs et ourlets de vêtements, deux habits qui occupent des places opposées, sur la même tonalité. Dans le cadre de l’espace de rêverie, ce serait finalement faire danser ce qu’il y a de bon et de moins bon afin de trouver un juste équilibre, un espace à penser autrement. En parlant d’espace, dans le sonnet lors de cette rencontre la figure de la femme bouge tandis que Baudelaire est dans un premier temps figé. En faisant le parallèle avec l’art-thérapie, ce serait un peu comme le patient lorsqu’il arrive en séance. L’art-thérapeute lui ouvre un espace de rêverie pour lui permettre de rêver autrement, de s’imaginer autrement, d’ouvrir à autre chose et lui permettre un déplacement.
Dans le poème, la femme bouge, mais Baudelaire est figé. Finalement serait-ce comme en art-thérapie ou l’espace de rêverie permet de faire bouger quelque chose chez le patient au départ figé par la douleur qui le préoccupe ?
« Fugitive beauté, dont le regard m’a fait soudainement renaître ». Ici cette rencontre avec la jeune femme est dans une temporalité limitée, mais elle induit un déplacement dans le futur (« renaître »). La lumière de cette femme lui donnerait donc l’espoir de voir les choses de nouveau autrement. Symboliquement, cela pourrait-il être l’espace de rêverie en art-thérapie qui permet au patient de lui insuffler un autre regard sur le monde, d’abord en séances, puis faisant trace en lui dans la vie ?
Finalement le poème de Baudelaire est lié à la rencontre avec la vie. Le monde de la ville offre au poète des sujets de réflexions et provoque de multiples émotions. Mais Baudelaire, ne se situe pas à distance ni insensible à ce spectacle qui se meut autour de lui. Il y participe en tant qu’acteur à la recherche de nouvelles rencontres symboliques en quête de sens de ce monde si complexe qu’est celui de la vie, de sa propre vie peut-être même. Pour faire le parallèle avec l’espace de rêverie en art-thérapie, je crois qu’il s’agit également d’une rencontre, avec soi-même, avec l’autre, avec l’objet petit a symboliquement perdu même peut-être…
Je terminerais par ce vers de Baudelaire, « Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais ». En art-thérapie ouvrir à un espace de rêverie pour le patient demande à l’art-thérapeute de n’avoir aucune demande particulière quant à ce qu’il ouvre pour le patient. Je suis convaincue de ce que j’ouvre au patient, mais je le laisse faire trace lui-même, trouver ses propres mondes, ses propres chemins, qui font de son parcours, un parcours unique, un cheminement personnel, à lui et pour chaque un.
Sarah Benjelloun